Les raisons du non-départ en vacances
Le droit aux congés payés, acquis en 1936, est de plus en plus difficile à exercer pour de nombreuses familles françaises. Ces familles de condition modeste, par honte ou peur d’être jugées, ne peuvent pas partir en vacances. Elles préfèrent d’ailleurs souvent cacher la vraie raison de leur non-départ à leurs proches et à leurs collègues de travail.
À l’approche des vacances, beaucoup rêvent de s’évader vers des destinations plus ou moins lointaines, mais surtout de prendre un temps pour eux-mêmes et leur famille. Cependant, tous ne peuvent pas ou ne choisissent pas de partir. Que ce soit pour des raisons financières, personnelles ou professionnelles, le non-départ en vacances est une réalité pour près de 40% de la population française.
Les raisons du non-départ
1. Contraintes Financières
Plus de 50 % des Français avec enfants renoncent aux vacances par manque de moyens (Fondation Jean Jaurès, 2023). Les coûts associés aux voyages, tels que le transport, l’hébergement, la nourriture et les activités, peuvent rapidement devenir prohibitifs. En effet, en France, dans le secteur privé (hors agriculture), près d’un travailleur sur cinq est payé au salaire minimum interprofessionnel de croissance (smic). Cette contrainte de financement pèsent encore plus fort sur les personnes au chômage ou en fin de droit.
2. Obligations Professionnelles
Certaines professions ne permettent pas de prendre des vacances facilement. Les travailleurs indépendants, les entrepreneurs et les professions libérales peuvent éprouver des difficultés à s’absenter sans que cela n’affecte leur activité ou leurs revenus. En conséquence de quoi, un phénomène d’autolimitation empêche l’organisation du projet vacances.
3. Engagements familiaux
Les responsabilités familiales peuvent également jouer un rôle déterminant. Beaucoup de personnes s’occupent de leurs proches malades ou âgées, ou doivent s’occuper de leurs jeunes enfants, et il peut être très difficile pour eux de partir en vacances. Les contraintes de temps et d’organisation (mais aussi de surcoût pour certains publics comme les personnes à handicap) peuvent rendre les voyages très compliqués, pour ne pas dire impraticables.
4. Préférences personnelles
Pour certains, très minoritaires, rester chez soi est un choix délibéré. Les voyages peuvent être perçus comme couteux, stressants ou épuisants, et certains préfèrent le confort et la tranquillité de leur propre habitation. Les vacances à domicile peuvent permettre à certains de se ressourcer sans les tracas des déplacements.
Au regard de ces 4 freins analysés, les experts du départ en vacances considèrent évidemment que ce sont des difficultés objectives (financières et matérielles) qui justifient la très grande majorité des non départs en vacances. Cette réalité sous-tend d’ailleurs leur propre raison d’être.
Une réalité inquiétante
Les conséquences sont nombreuses pour ces non-partants, car il peut être très difficile d’organiser des vacances lorsqu’on est jamais parti : impossible de s’improviser grand voyageur et de maitriser les codes du départ en vacances, sans en avoir une réelle expérience.
La honte de ne pas partir
65% des Français dont le revenu par personne est inférieur à 900 euros dissimulent les raisons de leur non-départ en vacances. Même parmi les ménages avec des revenus modestes (entre 1 300 et 1 900 euros par personne), 48% cachent également leur situation.
Des projets vacances adaptés aux ressources
De facto, quand ils décident de partir, plus de 40% des familles doivent adapter leurs projets. Beaucoup partent moins loin (35%), optent pour des hébergements moins chers (30%) ou choisissent des moyens de transport plus abordables (20%). Le prix des transports peut être un frein important pour organiser un séjour, tant les prix sont élevés. Mais ces familles font bien le pas pour organiser leur temps de loisirs et de vacances, et sortent ainsi des statistiques des 40% évoqués plus haut.
La méconnaissance des aides disponibles
Comme pour toutes les autres aides sociales, les aides au départs en vacances sont souvent peu connus de la population. Bien que 85% des Français aient entendu parler des chèques-vacances, seulement 60% connaissent les aides de la CAF et 59% celles des comités d’entreprise. Moins de la moitié connaissent les aides des associations et seulement 29% celles des régions et départements.
Le droit aux vacances est un sujet qui émerge de nouveau depuis la crise du Covid-19, mais la mobilisation de la société civile et des forces politiques ne se concrétise pas véritablement.
Malgré la connaissance des bienfaits du départ en vacances (et le sentiment de ne plus être « exclu » qui en découle), les inégalités face aux vacances continuent de creuser les divisions sociales. C’est pourquoi les structures d’accompagnement et d’aide au départ ont besoin de soutien et appellent à l’action de tous, pour participer à réduire cette fracture sociale.
Jour pour Jour, le combat du droit aux vacances pour tous
Ces constats établis, le dispositif Jour pour Jour propose une solution innovante de collecte de dons de congés payés, afin de permettre aux salariés et aux entreprises de s’engager dans ce combat, en offrant 1 jour de congé pour organiser le départ en vacances de publics défavorisés.